Notre histoire

Un enfant de la Seconde guerre mondiale

Sciences Po Strasbourg est un enfant de la Seconde Guerre mondiale. La décision de fonder un Institut d’études politiques (IEP) à Strasbourg intervint alors que la libération du territoire français n’était pas achevée. Elle fut prise en décembre 1944 par l’ancien résistant René Capitant (1901-1970), alors ministre de l’Éducation nationale du Gouvernement provisoire de la République Française (GPRF). Les structures de l’établissement furent mises en place au cours de l’année 1945, et sa création fut officialisée par le décret n°45-2287 du 9 octobre 1945 signé conjointement par René Capitant et le président du Conseil Michel Debré. Cette création est contemporaine de la naissance de trois autres institutions chargées de former les nouvelles élites d’après-guerre : l’Ecole Nationale d’Administration (ENA), la Fondation Nationale des Sciences Politiques (FNSP), et enfin l’Institut d’études politiques de Paris, qui par le biais d’une nationalisation prit la suite de l’Ecole Libre de Sciences Politiques (ELSP) fondée en 1872.

Au moment de sa fondation, l’IEP de Strasbourg était donc le seul IEP de province. Ce choix fut certainement dû à la proximité avec l’Allemagne, dont certains territoires, une fois « libérés », allaient être administrés par la France. Il était donc nécessaire de pouvoir former des fonctionnaires à proximité. Il s’inscrivait aussi dans la tradition interdisciplinaire de l’Université de Strasbourg fondée sous le Kaiserreich et qui fut durant l’entre-deux-guerres animée par de prestigieux universitaires français comme le juriste Raymond Carré de Malberg (1861-1935), ou l’école des Annales, fondée en 1929 par les historiens Marc Bloch (1886-1944) et Lucien Febvre (1878-1956). Il était pertinent de fonder à Strasbourg un institut pluridisciplinaire dont les enseignements se trouvaient à la croisée du droit, de l’histoire et de l’économie.

Une offre de formation constamment enrichie

En prise avec son temps, la formation dispensée à Sciences Po Strasbourg a su s'adapter au monde contemporain et devancer les besoins. Depuis les origines jusqu’en 2003, le cursus de l’IEP de Strasbourg se faisait en trois ans : une année de tronc commun, puis deux ans de spécialisation avec trois filières possibles : Service public (SP, première promotion en 1948), Économie et finances (EcoFi, première promotion en 1949) ou Relations internationales (RI, première promotion en 1963). Une quatrième année de maîtrise facultative a été ajoutée en 1990 puis rendue obligatoire en 1999 pour permettre aux étudiants le souhaitant de partir à l’étranger. Depuis 2005, l’IEP s’est adapté dans le cadre du processus de Bologne au système Licence-Master-Doctorat (LMD), proposant donc une formation en cinq ans. Les deux premières années (dites 1A et 2A) constituent le tronc commun, suivies d’une troisième année à l’étranger (3A). Les étudiants se spécialisent et se professionnalisent ensuite pendant leurs deux années de second cycle (4A et 5A). En 2008, une quatrième section Sciences politiques et sociales (SP) a été ajoutée aux trois déjà existantes. Depuis 2019, les spécialités Études européennes (EE) et Études des relations internationales et du global (ERIG) ont été distinguées afin de mieux spécifier ces différents domaines. De nos jours, cinq filières de spécialisation animent le second cycle du diplôme de Sciences Po Strasbourg : « Droit et administration publique » (DAP), « Économie et finance » (EcoFi), Études européennes (EE), Études des relations internationales et du global (ERIG), Politiques et sociétés (PoSo).

Les enseignements dispensés à Sciences Po Strasbourg sont résolument pluridisciplinaires : droit, économie, gestion, histoire contemporaine, science politique, géopolitique, langues, etc. Ils comptaient même du sport jusqu’aux années 1980. La division du cursus en trois années "généralistes" suivies de deux années de spécialisation et professionnalisation permet de développer des profils qui se démarquent des formations traditionnelles, dotés d’une grande culture générale et capables de développer un regard transversal sur les enjeux politiques, économiques et sociaux. C'est sur cette capacité particulière d'expertise que se reconnaît depuis toujours la plus-value Sciences Po.

Une grande école de l'Université de Strasbourg

L’IEP de Strasbourg a toujours été rattaché à l’Université de Strasbourg, selon des modalités variables. Lors de sa création en 1945, il fut géré conjointement par les facultés de Lettres et de Droit. Des enseignants des deux facultés siégeaient alors en nombre égal à son conseil de perfectionnement.

A la suite des événements de Mai 68 et de la loi Faure, les Instituts d’études politiques de province devinrent des Établissements publics à caractère scientifique et culturel (EPSC), toujours rattachés à leur université d’origine mais détachés de la tutelle des facultés. Ils continuèrent toutefois à collaborer avec elles de façon étroite. L’Université de Strasbourg ayant été divisée en trois entités en 1970, l’Institut d’études politiques fut rattaché à l’Université des sciences juridiques, politiques et sociales (dite « Strasbourg III », puis « Université Robert Schuman »). Ce statut garantit à l’IEP une autonomie totale en matière de diplôme, ne dépendant de l’université que pour les questions administratives et financières. Le conseil de perfectionnement évolua alors en un conseil d’administration composé à parts égales de personnalités extérieures, d’enseignants et d’étudiants (plus un représentant du personnel administratif).

Alors que la loi Savary (1984) prévoyait de donner encore plus d’autonomie aux Instituts d’études politiques de province en leur octroyant le statut d’Etablissement public administratif (EPA), celui de Strasbourg fit le choix du statu quo en 1989 en devenant un institut interne de l’Université Robert Schuman. Avec Sciences Po Saint-Germain-en-Laye, il est actuellement le seul Sciences Po de région à être pleinement intégré dans une université. Lors de la fusion des trois universités strasbourgeoises en 2009, Sciences Po Strasbourg a conservé ce même statut au sein de l’Université de Strasbourg réunifiée. Grâce à ce positionnement, Sciences Po Strasbourg bénéficie pour sa formation du précieux appui d’une grande Université, par la voie duquel l’école propose par exemple une offre en langues particulièrement fournie ou bénéficie de l’appui des enseignants-chercheurs des autres composantes de l’Université.

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