Description
L’objectif du cours de communication politique est de déterminer et de comprendre les conditions d’efficacité du travail d’affirmation de leurs points de vue mené par les acteurs politiques sur les journalistes et les électeurs. En effet, la couleur de la cravate, les ‘bonnes formules’ ou les habiletés de l’expression télévisées des hommes politiques, souvent mises en avant lorsqu’on parle de communication politique, n’en constituent que les aspects les plus superficiels. Il s’agira au contraire de montrer que la modification de la perception de l’actualité politique par les électeurs et donc une éventuelle réorientation de leur vote ne peuvent être obtenues que par des interventions collectives dans le débat public de partis ou d’institutions inégalement puissants et encore seulement dans des configurations politiques spécifiques (polémiques, scandales, mouvements sociaux, etc.). De ce fait, l’efficacité de la communication politique de chacun des protagonistes de la compétition électorale trouve ses limites dans les insuffisances d’organisation de toute équipe partisane mais aussi dans les efforts opposés de leurs adversaires politiques et même, souvent, dans les stratégies divergentes de leurs propres partenaires (fronde, dissidence, coup de poignard dans le dos, etc.). La perception que les journalistes et les électeurs auront des débats politiques constituera un ‘effet émergent’ de l’ensemble des interventions contradictoires des intervenants publics : il s’agira d’une résultante qu’aucun acteur n’est en mesure de contrôler seul.
En étudiant des exemples français ou internationaux nous chercherons à poser les bases d’une analyse contrôlée de la politique ordinaire – la politique politicienne – pour monter que les énoncés programmatiques, les discours ou les « petites phrases » (y compris les attaques personnelles et les positionnements tactiques) qui composent la trame ordinaire du jeu politique, ne constituent pas des manoeuvres illogiques ou la manifestation des excès de l’esprit partisan mais au contraire qu’ils représentent des actes de communication requis par la structure même du jeu politique (hégémonie présidentielle, abondance des sondages et des baromètres d’opinion, modes de scrutin, segmentation partisane, organisation de la presse, etc.). Il s’agira donc de comprendre les conditions de l’efficacité de la communication politique mais aussi ses limites.
Le cours cherchera à s’appuyer sur des exemples puisés dans l’actualité la plus récente : chaque séance sera précédée d’une revue de presse de 45 mn dans laquelle seront décortiqués les évènements de la politique nationale relaté dans 4 titres (Le Monde, Le Figaro, Libération et le Canard enchaîné – notamment ses pages 2 et 3). Il s’agira moins de noter les différences de traitement d’un même événement par les différentes rédactions que de comprendre le travail politique de chacun des camps partisans pour orienter le cadre global de perception journalistique dominant et les catégories de l’interprétation publique des faits d’actualité.